THE BRIGGS: Écho De Société

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THE BRIGGS : Écho de Société

Stéfane Campbell

BANG BANG, juillet 2008

 

En plein feu roulant de tournée l’an dernier, aux côtés de Dropkick Murphys – pour qui le groupe ne tarit pas d’éloges : « ce sont des légendes et, du coup, probablement les individus les plus humbles et les plus honnêtes que j’ai rencontré. Je pense souvent à eux quand viennent des décisions à prendre par rapport au métier. » –, Jason LaRocca, guitariste et chanteur du groupe, de même que son frère Joey (tous deux fondateurs des Briggs) ont composé l’ensemble de ce qui allait devenir Come All You Madmen (SideOneDummy Records) paru il y a moins d’un mois, sur la guitare acoustique. Ce qui explique en partie  cette impression plus folk qu’à l’habitude qui traverse l’album d’un bout à l’autre. Sans pour autant renier ses élans très l’agressive charge de punk rock infusée à la formule et qui, au fil, des quatre albums de la formation fait école. 

 

Ce qui frappe surtout sur les nouvelles pièces est l’effet sing-along souligné que jamais, gonflés de handclaps et autres chœurs ramenant plus que jamais au working-class punk de la trempe des Murphys, pour ne pas les nommer. Sur ce point, Jason, de sa Californie natale précise : « Nous voulions écrire de gros refrains qui pourraient être entonnés en spectacle : tout ça a pris beaucoup plus d’importance pour nous avec l’expérience. J’essaie toujours de visualiser une pièce en live, m’imaginer comment elle sonnera et sera reçue… Nous sommes soucieux de donner aux pièces le plus de sens possible dans un contexte de concert. » Ce qui devient toujours plus évident au fil des écoutes. « De cette façon, les choses restent aussi très spontanées – et avant d’entrer en studio, nous jouons le matériel ad nauseam, de sorte qu’une fois derrière la console, ça sonne très comme en concert. Les prises uniques sont souvent les meilleures. »

 

Sachant que le groupe compte à sa feuille de route deux EP acoustiques (dont le dernier en liste, The Westlake Sessions, est sorti l’an dernier), l’équation des techniques semble couler de source. « Définitivement, et bien qu’il y ait des pièces plus lourdes, nous tenions à conserver des éléments acoustiques sur la majorité de l’album. Nous allions vers la formule la plus simple dans la majorité des cas – de ce qui se rapprochait le plus du cœur des chansons. »

 

Ceci dit, n’allez surtout vous méprendre à n’y voir qu’une version californienne de son prédécesseur irlandais, loin s’en faut, The Briggs ont su s’approprier un filon qui leur colle à la peau et aiguiser un aplomb tout aussi notoire sur le plan des textes. « Il y a définitivement un fil conducteur en ce qui a trait à l’état actuel de l’industrie de la musique. Du coup, nous avons également des amis à nous qui sont présentement à la guerre, ce qui a grandement influencé notre écriture. Tout ceci en tenant compte qu’il faut maintenant faire de preuve d’astuce pour ne pas resservir un discours mille fois entendu. Disons que c’est un commentaire avant tout plus social que politique. » (Stéfane Campbell)  

 

http://www.thebriggs.org/

 

 En spectacle dans le cadre du Warped Tour le 20 juillet au Parc Jean-Drapeau.       

BIG D & THE KIDS TABLE: Remède Fiesta

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Big D and the Kids Table – Remède Fiesta

Par: Stéfane Campbell

BANG BANG, juillet 2007

 

Il aura fallu onze années au groupe Big D and the Kids Table pour enregistrer un premier album complet, Strictly Rude. Onze années à aiguiser leur ska festif à travers les clubs de Boston, des États-Unis et par-delà, selon les règles de l’art du D.I.Y., éthique très chère à la formation – école punk oblige. Mais voilà, un premier album studio, enregistré et distribué sur SideOneDummy Records de surcroît. « L’étiquette parfaite pour nous, on ne sent pas ce côté « marchandage de la musique », […] l’équipe est relativement petite [une dizaine d’employés] et ils travaillent tous de façon très serrée avec les groupes qu’ils hébergent ».

 

Surtout en sachant que le label a approché le groupe après avoir vu la rigueur et l’acharnement avec lequel chacun des membres étaient impliqués dans tous les aspects du groupe, tant au niveau musical que, ironiquement, du côté « marketing » de la chose. « Ils nous ont vu au Warped de 2005, attirant souvent une plus grande foule que les grosses scènes et ils ont été impressionnés ». D’autant plus que le ska a connu ses heures de gloire dans la deuxième moitié des années quatre-vingt-dix, pour être relayer au rancart par la suite – pour ce qui est du « mainstream », va sans dire. « Une époque qui fut bien bonne mais qui devint à un certain moment une grosse blague. Et bien sûr, ça a donné des groupes et un son plus ou moins pertinents, […] le ska n’est pas fait pour la grande écoute, il s’adresse à un « public averti », qui comprend les racines du genre, la musique est festive mais elle n’est pas quétaine pour autant ».

 

La formation reste donc très up beat dans son exécution mais aborde tout de même des sujets plus « sérieux » sur le nouvel opus. Comme la pièce « Hell on Earth », appel ultime à la tolérance envers la différence. « C’est une pièce qui n’émet pas de position claire autant que d’illustrer les exemples flagrants de l’absurdité de certaines écoles de pensée. […] Je crois sincèrement que le simple fait d’être confronté aux grandes lignes de celles-ci désert souvent plus la cause que de tomber dans la morale exacerbée ». Car le groupe ne veut surtout pas tomber dans le piège de « l’anti » surabondant dans la scène. « J’ai trop vu et entendu le terme « anti » pour le prendre au sérieux, […] ça prend plus qu’un patch sur un blouson pour mettre une échelle de valeur en pratique. Et il faut se lever et agir, point. La musique ne change pas le monde (sic), je ne suis pas naïf à ce point, mais elle peut tout de même contribuer à faire bouger les choses ». Nobles espoirs.

 

Une chose est sûre, si les choses ne bougent pas à la vitesse désirée par certain, ils peuvent toujours se pointer à un spectacle de Big D pour ce qui est de bouger. « L’esprit du groupe se déploie lors des concerts. La fête, la danse, […] c’est une musique qui se veut avant tout positive, pas dans le sens cliché du terme mais il y a tellement de musique dépressive, […] nous ne voulons rien imposer à personne, nous voulons tout simplement qu’ils aient une fête dont ils vont se souvenir ». Appel à tous. (Stéfane Campbell)

 

 

THE CASUALTIES: Sur Les Dents

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The Casualties : Sur les dents.

Stéfane Campbell

BANG BANG, juin 2007

 

Street Punk à son état le plus brute, The Casualties n’a rien à cirer des critiques rébarbatives et autres commentaires à la « sell out » qui fusent parfois contre eux. « We look it, we love it, we live it », clame haut et fort Jake, guitariste et membre du groupe, « Nous étions des kids, paumés, dans la rue. Nous avons acheté des instruments en ne sachant pratiquement pas s’en servir et puis nous voilà, meilleurs techniciens mais toujours aussi enragés. C’est un mode de vie, point ».

 

Depuis maintenant 15 années, le groupe – qui a connu quelques changements de personnel depuis ses premières armes – promène son punk rock agressif, aux accents Oï, à travers le globe. Et depuis 2004, ils partagent à deux reprises la tête d’affiche du Warped Tour, aux côtés de groupes de la nouvelle école, tels NOFX et Bad Religion. Mais cette année, c’est dans les clubs que le groupe se fera entendre, « Nous voulons donner la chance aux gens de voir The Casualties dans un autre contexte que celui du Warp. Nous préférons de loin le contact des petites salles que celui des énormes festivals ».

 

Et pourquoi y participer malgré tout? « Parce que c’est un party de deux mois. Peut-être aussi pour faire découvrir à quoi ressemblent les racines du mouvement punk à des jeunes qui les perçoivent difficilement comme étant plus qu’un étalage à rayon au centre d’achat. Les puristes ne fréquentent pas ce genre d’événement de toute façon, et la communauté punk ne reposent pas sur un héritage fortifié. Nous ne voulons pas devenir blasés et nihilistes, si nous pouvons passer le flambeau à une plus jeune génération, nous le ferons. ». Noble mission – insérez ici les violons.

 

D’autant plus que le groupe a comme ardent désir de réanimer ce qui selon eux fut l’âge d’or du punk, soit le milieu des années quatre-vingts. Ce qui explique peut-être, du coup, la parution très prochainement d’un CD/DVD live, regroupant une vingtaine de dits classiques du groupe enregistrés au Knitting Factory de New York, ville qui les a vus naître. « Nous voulions nous réapproprier la scène newyorkaise dans laquelle nous avons évolué. Les choses changent beaucoup ici, plusieurs des endroits pivots de jadis (CBGB’s quelqu’un?) ferment leurs portes. La scène est plus fragmentée si ce n’est, selon plusieurs, carrément morte. C’est un peu notre façon d’y apposer notre signature, de contrer la tendance ».

 

Avec l’avènement de l’échange de fichiers musicaux via le net, le besoin du « live » devient autrement plus pertinent. « Je ne suis pas enragé outre mesure par le phénomène », de nous répondre l’humble guitariste, « bien sûr les jeunes punks s’y adonnent, ils sont paumés, mais ils viendront probablement aux spectacles, et ce jusqu’au Japon ». On s’attriste par contre du désintérêt à l’égard du vinyle, objet-culte si cher à la communauté punk et aux collectionneurs. « Qu’en restera-t-il dans 20 année d’ici? ». Mais encore là, personne ne peut tirer de grandes lignes quant à l’avenir du mouvement. « Punk is whatever you want it to be. There are no rules ». Et toc. (Stéfane Campbell)   

BAD RELIGION: Nouveaux Moeurs: Même Révolte

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Bad Religion – Nouveaux mœurs : même révolte

Par : Stéfane Campbell

BANG BANG, juillet 2007

 

Qu’est-ce qui pousse un homme de quarante-trois ans, avec quelques vingt-sept années et des poussières de musique dans le corps à repartir en tournée avec un groupe qu’il a vu naître pratiquement trois décennies auparavant? « Exactement la même chose que lorsque j’avais 15 ans. Toujours cette même rage, cette amertume : tout cela ne semble pas foutu de changer. Apparemment, je devrais mettre de côté ce ressentiment envers le système et ses travers et me réfugier dans une sorte de statu quo. Mais je haïs toujours autant le système, envers et contre tous […], je me réveille encore chaque matin en me demandant « Qu’est-ce que je pourrais bousiller aujourd’hui? », et c’est exactement l’esprit qui caractérise le nouvel album! » – nous répond sur un ton quasi bon-enfant, Jay Bentley, bassiste de la première heure du légendaire groupe punk Bad Religion.

 

 Après autant d’années depuis ses premiers élans et si peu d’essoufflement, le groupe en question nous refait le coup avec New Maps of Hell (Epitaph Records), quatorzième album en carrière, produit par le très-en-demande Joe Barresi (Kyuss, The Melvins, Tool,…), et qui se veut un retour aux sources pour ceux qui ont largement contribué à établir les standards de ce qu’est aujourd’hui le mouvement punk new-school de l’école californienne comme on la connaît. En effet, on revisite ici le son, les textures mais aussi la vitesse d’exécution de jadis, faisant écho au hardcore et au punk qui influença le band à l’époque de How Could Hell be any Worse?(1980) et Suffer(1984) – The Germs, Black Flag, The Adolescents, etc… « Nous avions une intention de jouer aussi vite que possible mais ce n’était qu’un point de départ. Nous sommes entrés en studio et le processus s’est imposé dès les premières répétitions, nous nous connaissons tout de même très bien après autant d’années, […] le plaisir de se retrouver là a fait en sorte de renouer avec ce sentiment de rage, le pouls de la création au sein du groupe ».

 

D’autant plus que la scène est tellement différente de ce qu’elle était. « Le mélange des styles maintenant est assez incroyable, la fragmentation : emo, screamo, metal, grindcore, et combien d’autres sous-genres se côtoient ou se boudent. C’est très bien toutes ces branches mais on peut parfois avoir l’impression de perdre de vue la racine – the core of it all. Je ne veux vraiment pas tomber dans la nostalgie mais il est évident qu’avant, il y avait une idée centralisatrice derrière la musique. Une révolte habitait les kids qui faisaient la musique. La ténacité est probablement notre point le plus fort. Nous avons su garder la tête froide malgré l’ampleur qu’ont prise le groupe, l’étiquette [Epitaph, qui appartient au guitariste du groupe, Brett Gurewitz] ou même les autres groupes que nous avons côtoyés. Il y a encore un sentiment de camaraderie quand nous partons en tournée. Entre les musiciens et avec le public ».

 

Et que penser du désengagement de plusieurs groupes aujourd’hui? Si le sentiment de révolte garde le groupe sur l’air d’aller après toutes ces années : qu’en reste-t-il aujourd’hui dans les nouvelles générations « fragmentées » comme on les nomme plus haut? « Quand nous avons débuté, nous ne savions pas trop ce que nous faisions, nous étions de jeunes enragés qui voulions avant tout crier notre désaccord. Tout restait à faire en termes de mouvement, de genre. Il fallait garder un noyau fort, se rappeler pourquoi nous étions là, nourrir la rage ». Une école de pensée prenait vie, au fil des groupes qui la bâtissaient. Mais il ne faut pas devenir dogmatique, l’esprit du punk repose avant tout sur faire exactement ce que l’on veut faire, « les belles années se déroulent probablement maintenant, nous pouvons donc en profiter, […] nous savons pourquoi nous sommes ici, le groupe est très solide et, par-dessus tout, nous aimons ce que nous faisons ».

 

Les textes du groupe, sur la nouvelle galette, demeurent d’ailleurs toujours aussi engagés, ce qui restitue l’étiquette de «groupe politisé » qu’on leur colle depuis si longtemps. « Je réponds constamment à cela que nous ne sommes pas un groupe politique mais bien sociopolitique, […] et ce bien que l’avant dernier album [The Empire Strikes First, Epitaph Rec. 2004] était de loin le plus chargé en contenu politisé, […] la problématique de base dans les compositions touche avant tout à l’homme en société en son sens large ». Sachant du coup que le chanteur et parolier – Greg Graffin, Dr en Paléontologie de l’évolution – construit des textes à la fois pointus et « coups de poing » sur la condition humaine, inspirés de ses recherches académiques. L’homme sait de quoi il parle. Mais comment se déroule le processus d’écriture au sein du groupe? « Tous les textes naissent des discussions que nous avons, […] nous voulons cerner les enjeux que nous abordons, je ne voudrais pas rester sans mot en entrevue à essayer d’expliquer telle idée ou tel concept tirés de nos chansons ». Des discussions donc, où l’on dissèque le propos pour en arriver à un consensus. « Nous devons être en accord, trouver l’angle, la  drive , la sentir pour bien livrer l’esprit ».

 

Bien sûr, d’être en famille chez Epitaph, après une escale de trois albums (et une réédition) sur un Major, Atlantic Records, redonne aussi le feu aux musiciens. « Pour Atlantic, nous étions un produit, le next big thing après les retombées causées par les succès mondiaux de Offspring et Green Day ». Une promesse qui n’a jamais réellement connue de suite, « depuis notre retour [en 2001] et bien qu’une étiquette en demeure toujours une, nous nous sentons tout de même privilégiés d’être sur un label qui a vu le jour, au tout début, pour et autour de Bad Religion, […] nous sommes définitivement à la maison ici ». Et l’envie de remonter sur les planches les rattrapent tout autant : « Le Warped est également une grosse famille, […] bien sûr il y a tous ces jeunes groupes et c’est merveilleux pour cela, la famille grossit d’années en années ». Et que pouvons-nous espérer voir? « Les sets sont d’une durée de 30 minutes pour tous [démocratie warpienne oblige] alors nous faisons 3-4 chansons du nouvel album, 6 des deux précédents et reste 2 pièces du catalogue antérieur ». Tanné des classiques? « Jamais, ils font partie des fondations! ». (Stéfane Campbell)

 

       

 

  

 

 

  

 

        

ROB HALFORD: 101 Du Métal Par Un Monstre

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Rob Halford : 101 du métal par un monstre

Par : Stéfane Campbell

BANG BANG, août 2007

  

Une hantise pour le journaliste musical surgit à quelques minutes de l’entretien : que demander au « Metalgod » qui n’ait pas encore été dit? En trente ans et des poussières de carrière à titre de leader de Judas Priest et moult controverses sur son passage, l’homme rapplique avec un album/compilation de matériel solo (et quelques titres au sein du maintenant défunt Fight) enregistré depuis les quinze dernières. Première parution officielle sur sa propre étiquette Metalgod Entertainment, de surcroît. Tous les ingrédients pour faire de lui un monstre sacré du métal en bonne et due forme.

 

Tentons un premier essai : Pourquoi un best-of à cette époque de votre carrière? Point tournant? Transition? Finalité? « Pour esquisser un tour d’horizon des trucs que j’ai pu réaliser en parallèle de Judas Priest, ce n’est pas un « Greatest hits » puisque je n’ai pas eu de Hits en question. Simplement un bilan et une façon de faire connaître le matériel à ceux qui ne l’auraient jamais entendu. Disons que j’ai voulu y rassembler les points forts qui nous mènent là où j’en suis aujourd’hui. »

 

Point fort mais surtout tournant majeur pour celui qui lance, du coup, sa propre étiquette : «Entre Black Sabbath et Judas Priest, nous avons inventés les vraies racines du métal comme genre proprement dit, aujourd’hui, le mouvement a pris tellement d’ampleur et la diversité des sous-genres est devenue telle que j’ai voulu rendre à ma communauté un lègue significatif. » Un dévouement pour le métal absolu et sans retour pour celui tout de cuir vêtu qui a repris la tête du groupe-phare en 2003 – après un hiatus de quelques douze années.

 

D’autant plus que les Priest entreront sous peu en studio pour enregistrer un album-concept qui mettra en musique l’histoire du « prophète » Nostradamus. « Un opéra métal gargantuesque […], une nouvelle aventure très excitante. Bien qu’encore secret, nous pouvons affirmer que les Priest et Nostradamus ont beaucoup en commun et que le projet s’est peu à peu imposé au groupe ». Moment de surprise douteuse pour l’intervieweur.

 

N’y a-t-il pas un sentiment d’essoufflement après toutes ces années à hurler? Est-ce que la rage se fait plus douce, si nous osons? « Pas du tout. J’étais enragé au tout début et maintenant je suis un vieil enragé; c’est la seule différence qui s’y trouve. Bien sûr, les raisons pour l’être changent, évoluent, mais le sentiment demeure intact. Tu sais, je crois que l’on récolte aussi le fruit de nos efforts. Nous voulons faire une musique de qualité, nous voulons toujours crier notre rage, c’est probablement très exutoire, et essentiel encore aujourd’hui. Nous voulons donner le meilleur de nous-mêmes, point. » Même après un coming out qui en a fait grincer des dents quelques-uns : « les langues sales n’ont qu’à bien se tenir. Je n’ai reçu personnellement aucune missive suite à ma sortie publique. Plutôt un support même inespéré. La communauté métal a l’esprit beaucoup plus ouvert que ce que l’on pourrait parfois penser, et les rétracteurs peuvent bien aller se faire foutre. » Voilà qui est dit. (Stéfane Campbell)  

 

  

ARCTIC MONKEYS: Novices Dans La Cour Des Grands

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Arctic Monkeys – Novices dans la cour des grands

Par : Stéfane Campbell

BANG BANG, mai 2007

 

De Myspace à Coachella, on peut égrainer son trajet, et les bars miteux, comme un pèlerinage au désert (sic). Ou devenir un monstre dans le temps de crier NME. Appliquez ici la seconde option. Née d’un « buzz » assourdissant sur la toile puis par-delà, et (trop?) vite proclamé « meilleur groupe au monde » par le magazine britannique susmentionné, Arctic Monkeys revient à la charge pour un second souffle, Favorite Worst Nightmare. Ayant au préalable vendu 360 000 copies du premier opus dans sa première semaine de sortie (un record) et remporté (entre autre) le prestigieux Mercury Prize en 2006. Pressions, vous dites?

 

Malgré les sorties au couteau et autres charges à la « don’t believe the hype » lancées comme de juvéniles frondes contre les médias, Arctic Monkeys vous (nous!) aime. «Évidemment, nous ne sommes pas dupes, nous dosons mieux notre propos », nous répond d’ailleurs l’un des principaux interessés, Nick O’Malley, bassiste du groupe.

 

Et lorsqu’un chef de file, Morrissey pour ne pas le nommer, égratigne le phénomène en évoquant les preuves qu’il reste aux novices à livrer, O’Malley, sans hésiter lui donne entièrement raison. « Nous n’en sommes qu’à notre deuxième album », admet-il, dans un regain d’humilité, « Je suis tout a fait d’accord avec le « wiseman », nous avons encore plusieurs choses à dire, plusieurs chansons à écrire. Et encore l’impression d’être très jeunes ».

 

Autrement plus « jeune » dans le cas ci-interrogé, considérant que le bassiste – ami de longue date du groupe au préalable – est venu remplacer Andy Nicholson, membre original, après la parution du premier album officiel et du retentissant succès de la formation. « Un rêve devenu réalité » soit, mais encore : « une opportunité que je ne réalise pas encore totalement. Qui se concrétise au fil des événements ».

 

Mais revenons à nos singes, ce deuxième album semble plus porter sur l’exploration sonore que son prédécesseur… « Nous voulions nous éloigner des étiquettes strictement pop et/ou rock qui nous étaient parfois attribués. Nous avons consciemment voulu prendre une direction plus complexe. Se rapprocher d’un tout plus conceptuel. Du coup, nous avons ajouté plus de textures aux musiques, par l’orgue notamment ».

 

Ceci dit, le résultat sur scène n’a pas qu’été applaudi par nos compères. Toutefois, et c’est tout en notre honneur, O’Malley nous assure préférer, et de loin, le contact plus intime des petites salles qu’à celui, pour le moins plus générique d’un quelconque aréna. « Nous carburons aux liens plus direct et la proximité au public de ces endroits ». Affirmation convenue mais qui méritera tout de même une vérification.  (Stéfane Campbell)

 

 

 

MIRACLE FORTRESS: Tout Pour Le Jeu

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Miracle Frotress – Tout pour le jeu

Stéfane Campbell

BANG BANG, mai 2007

 

Du haut de ses vingt-trois ans, Graham Van Pelt voit déjà très grand. De ce fait, issu du plateau de création Friendship Cove – lieu de rencontre important du Mile End ou plusieurs médiums se côtoient –, son side project devenu central, Miracle Fortress en témoigne avec aplomb. Oui, plusieurs genres s’entrechoquent sur la première galette officielle (Five roses, Secret City Records) de ce one-man-band. Et ce qu’annonçait Watery grave, e.p. paru l’an dernier est ici confirmé: à la fois nuancé et grandiloquent, le coup frappe fort et le musicien assure. 

 

En rencontrant Van Pelt, disons-le, relativement farouche, on comprend assez vite que l’homme fonctionne sans plan prédéterminé. “Je ne crois pas en des identités fermées, en des genres trop types, c’est d un ennuie total. Je dois me mettre a défi”. Et bien que l’ennui ne doit pas trop l’accabler ces jours-ci – menant de front Miracle Fortress et assurant les claviers au sein du groupe Think About Life –, il avoue avant tout être un “rat de studio”. En effet, le technicien de formation avoue avoir un processus de création qui va un peu a l’encontre du mode dit traditionnel. “ Je ne suis pas un compositeur aguerri, je suis meilleur au niveau des textures et du raffinement sonore qu’a pondre une mélodie accrocheuse. (…) Je commence d’ailleurs mes chansons en jouant avec les arrangements, et je conclue le tout par une trame de guitare qui impose une mélodie,”.

 

Le jeu est d’ailleurs le terme qui reviendra le plus abondament pour désigner le processus de monsieur durant tout l’entretien. Autant en parlant du travail de studio que du défi a livrer le matériel sur scène. Bien sûr, l’homme s entoure d’amis pour l’accompagner “à jouer ces chansons impossibles à jouer”. Une expérience qu’il dit apprivoiser et apprécier un peu plus au fil des rencontres avec le public. Toujours ici, “rien n’est prévu, tout revient au défi, à voir là où cela mènera. Mais il est certain que je ne m’y sens pas à la maison comme dans un studio”.   

 

Si plusieurs genres se rencontrent dans ces “joutes”, c’est que Van Pelt est boulimique de musique, “Les Beach Boys résonnaient souvent dans les studios lors des séances d enregistrement”. Aussi, connaissant un peu mieux les méthodes de composition du jeune homme, on ne peut que penser au fameux Wall of Sound de Phil(non-non-je-l’ai-pas-violée-et-assassinée) Spector. Ces jours-ci, il se tourne par contre vers des trucs plus minimalistes, plus électroniques, entre autre ce que l’on peut retrouver sur l’étiquette allemande Dial. “Je n’ai aucune idée de ce que ça donnera dans les compositions a venir, mais il est évident que ce sera dramatiquement autre chose. Il faut toujours s’y plaire”. Jamais de plan, toujours le jeu. (Stéfane Campbell)